Heloise Levieux, de tapissier à créatrice d’objets textiles en micro-entreprise
Suite à un bilan de compétences réalisé au tournant de la quarantaine, Héloïse Levieux, alors installée à Montréal, décide se former au métier de tapissier. De retour en France, elle s’est immatriculée auto-entrepreneur. Un statut qui lui a servi de tremplin pour s’affirmer artisan de France et bientôt créer sa société. Témoignage.
Après une dizaine d’années en Amérique du Nord pendant lesquelles vous avez élevé vos 3 enfants, vous vous êtes formée au métier de tapissier. Vous avez choisi le statut de la micro-entreprise pour exercer votre activité lors de votre retour en France. Pourquoi ce choix ?
Parce que c’était le plus simple, le plus proche de celui que j’exerçais à Montréal et le plus adapté à ma situation. J’ai en outre bénéficié de l’Accre ce qui était très avantageux pour démarrer.
Avez-vous suivi une formation spécifique auprès de la chambre des métiers ?
Oui, en rentrant du Canada, je me suis aperçue que le métier de tapissier était très différent en France et que mon savoir-faire acquis au Québec n’était pas adapté aux matériaux français (meubles d’époque et crin notamment). Je me suis donc formée aux techniques et matériaux français grâce à la chambre des métiers. Rapidement, le formateur a repéré ma créativité et m’a conseillé d’exploiter cette facette.
La chambre des métiers vous a-t-elle aussi accompagnée dans votre démarche de création de votre micro-entreprise ?
Non, je me suis immatriculée en 2011 et à l’époque, le stage de préparation à l’installation n’était pas obligatoire. Néanmoins, je trouve que c’est très important de se faire accompagner au plan administratif et gestion au démarrage de son entreprise. J’ai moi-même fait appel à l’association BGE qui m’a bien épaulée au départ.
À combien estimez-vous le coût d’une installation en tant que tapissière ?
Je l’estime 5000€ minimum ce qui implique notamment une machine à coudre, un compresseur, du crin et des toiles, ainsi que tous les ustensiles indispensables (aiguilles, carrelets, paire de ciseaux, et ciseau à bois et à dégarnir, pied e biche, houseaux, ramponneau, tire-sangle, tire-crins, ries à bois…..). Le tapissier doit aussi avancer le coût du tissu choisi par le client.
Aujourd’hui, vous vous définissez ‘créatrice d’objets textiles’. Que recouvre cet intitulé ?
En effet, mon activité ne consiste plus à tapisser des fauteuils anciens, sièges ou canapés appartenant à mes clients. Certes, je fais toujours appel à mon savoir-faire de tapissière, mais pas seulement : j’imagine des objets textiles et petits mobiliers d’ameublement de décoration (coussins, chaise, poufs….), je les façonne puis je les vends. Je crée deux collections d’objets par an. Je choisis les tissus de mes collections. Parfois je crée des pièces uniques comme je l’ai fait avec les collections Julie H by HL et dernièrement Lalie Design par HL pour laquelle j’ai collaboré avec l’éditrice de tissus Marie Adeline Riche.
L’évolution de votre activité génère-t-elle des coûts différents de ceux rencontrés au démarrage ?
Oui. À présent, je crée par production. Cela signifie que j’achète tout le matériel, l’objet en lui-même, la mercerie et les tissus. Il faut compter au moins 200 mètres linéaires de tissu. Je délègue également une partie de ma production à un centre d’aide par le travail. Enfin, je fais plusieurs salons comme les salons des métiers d’arts et le salon ‘Maisons et Objets’ qui me coûte environ 6000€ pour 5 jours. Ces salons occasionnent par ailleurs beaucoup de déplacements.
Le statut de micro-entreprise est-il encore adapté à votre activité compte tenu de l’ampleur des frais que vous supportez ?
Plus vraiment, car, ce statut ne permet pas la déduction de frais professionnels. C’est l’une des raisons pour lesquelles je m’apprête à changer. Je suis en train d’étudier la question pour choisir la structure la plus appropriée. En outre, je vais désormais m’associer à un artisan feutrer (qui est mon compagnon dans la vie), la structure juridique sera donc très probablement une société. Pour cette transition, je me fais accompagner par un comptable et la chambre des métiers et de l’artisanat.
En Bref :
Centre de Formalités des Entreprises (CFE) compétent :Chambre des métiers et de l’artisanat
Catégorie juridique des revenus d’activité : BIC (bénéfices industriels et commerciaux)
Code de l’activité APE : 1392ZA
Taux de cotisations sociales :
Contribution à la Formation professionnelle : 0,30 %
Professionnelle Taxe CMA : 0,48%
Autres coûts annexes : assurance responsabilité civile, logiciel de gestion BDP, terminal de paiement Sumup, compte bancaire professionnel
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